30nov.2015

 

20:23 – Par Alex – Comptes Rendus

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Vendredi soir, 17h30 : Sous une pluie battante je retrouve Mickaël à son hôtel. Trois thés, un changement de pneus (la neige arrivant) et une nuit de sommeil plus tard, me revoici devant son hôtel pour le conduire au dojo …
Dimanche soir, 17h30 retour au point de départ : Gare TGV Belfort Montbéliard … Mais entre temps que s’est-il passé ?

http://www.etudeetpratiquedubudo.com/dotclear/public/StageMM112015/DSCN6546.JPG La première chose qui me vient à l’esprit quand je repense au stage est l’homogénéité de ce dernier. En effet je n’ai pas l’impression d’avoir fait 3 fois 3 heures d’aïkido, mais plutôt d’avoir fait un seul cours séparé en 3 étapes. Un peu comme une trilogie qu’on regarderait en 3 fois, mais qui finalement ne forme qu’un seul et même film. Une impression d’avoir passé plusieurs mois condensés en 9h. Condensés mais pas résumés. Le cours a débuté samedi par ai hanmi katatedori pour terminer dimanche avec des techniques ushiro waza, avec un passage en suwari waza kata dori. Mickaël n’a pas été avare de conseils, d’anecdotes, de « secrets » dévoilés 😉 Un temps a aussi été pris pour l’étude du jo et un temps pour l’étude du bokken.

C’est assez paradoxal, je ressens à la fois le sentiment d’avoir vu énormément de choses mais également d’avoir eu beaucoup de temps pour les travailler chacune. Parfois sur certains stages, je ressens une frustration de ne pas avoir eu assez de temps de pratique par rapport à la multiplicité des techniques présentées. Là le dosage était tout simplement parfait. On sent une maitrise de l’organisation du cours en plus d’une maitrise du sujet. En effet Mickaël ne s’est pas « contenté » de présenter son travail, mais il l’a aussi détaillé. Explications techniques, mais également et surtout beaucoup d’explications sur l’origine des techniques, des saisies, des immobilisations. On sent une sincère connaissance du sujet et une grande envie de la partager.

http://www.etudeetpratiquedubudo.com/dotclear/public/StageMM112015/DSCN6537.JPG Redonner ici tous les conseils et les points de détail sur lesquels a insisté Mickaël me semble difficile. En effet je ne pourrais vous redonner ici que ma compréhension (relative) de tout ceci. Le mieux est donc que vous rencontriez Mickaël à l’un de ces nombreux stages. Ceci étant dit, je vais tenter de vous citer quelques axes de réflexion/travail. La première des choses sur lesquelles Mickaël insiste, ce sont les bases. Quand il présente une technique, il présente la base, puis l’évolution de la technique, ce vers quoi doit tendre notre technique, afin je dirais de trouver une « réelle » efficacité. Je me rends de plus en plus compte de cette lapalissade qui consiste à dire qu’une maison avec de bonnes fondations sera toujours plus solide qu’une maison avec des fondations bancales. Évidemment comment construire une technique d’aïkido si déjà la première étape de la technique est fausse. Globalement j’aurais tendance à dire que le reste n’a plus d’intérêt et surtout n’a plus d’existence légitime. Si on est déjà abattu dès l’attaque d’aïté, alors à quoi bon essayer de faire autre chose. En des temps plus reculés, nous serions morts … Par exemple sur une saisie ai hanmi katate dori si on se fige sur la saisie et qu’on commence à forcer alors on se heurte à la force de l’autre. Un partenaire plus fort l’emportera irrémédiablement. Si on commence ensuite à se fixer sur cette saisie, alors on oubliera tout ce qui se passe autour de nous et assurément il sera alors difficile d’éviter une attaque d’aïté (qui pourrait venir d’une des parties de son corps libre, l’autre bras, les jambes, etc …).

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Mickaël a donné une image qui me semble très intéressante : il a pris 2 bokkens en main et les a mis à hauteur de son visage puis il les a lâchés. Un bokken est arrivé au sol plus vite que l’autre. Au départ les 2 bokkens étaient liés. Et bien l’idée serait de prendre le temps qui sépare la liaison des 2 armes de leur séparation. L’idée serait ainsi de percevoir le moment précis où la dissociation entre les partenaires se produit et d’intervenir à ce moment. Pas avant puisque les deux sont encore liés, mais pas après puisque les deux seraient alors dissociés.

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En aïkido on ne porte pas les coups. Pourtant je considère que ceci ajoute une dose de difficulté au travail (une difficulté sur la sincérité du travail). Je ne remets pas en cause la préservation de son partenaire, qui doit exister. Mais le fait de ne pas donner les coups fausse souvent la situation. Tori se croit hors de danger alors que finalement il est très fréquemment en danger. Mickaël est revenu sur ce point pendant le stage, notamment sur la saisie ushiro ryote dori. Il a également montré que la situation de Tori pouvait naturellement le mettre en danger en provoquant une réaction logique chez aïté. Ainsi sur un travail en ushiro ryote dori, des mains à l’origine de chaque côté du corps de tori et qui reviendraient devant provoqueraient alors quasi systématiquement un passage d’aïté de ryote dori à haga Jime. Les mains de Tori se resserrant entrainent naturellement une plus grande contrainte d’aïté qui ressert alors son étreinte. Le constat de tout ceci est flagrant et amène évidemment à s’interroger sur son travail. Il est par contre plus facile de voir que de se voir. Et là commence ou se poursuit le long apprentissage de l’aïkido. Et c’est là où Mickaël nous répète alors que nous nous trouvons beaucoup trop d’excuses. Lorsqu’une technique ne passe pas, on a tendance à blâmer son adversaire. Il a raison. Je suis convaincu de ce qu’avance Mickaël. Et pourtant si je réfléchis bien et si je suis honnête, je me rends compte que je me cherche aussi des excuses. Et c’est là qu’on en revient au travail de sincérité, qui finalement est beaucoup plus difficile qu’il n’y parait. Après tout si aïté est capable de me bloquer ou de contrer ma technique c’est donc qu’il y a un problème dans mon exécution.

http://www.etudeetpratiquedubudo.com/dotclear/public/StageMM112015/DSCN6491.JPG Le travail de coupe m’a paru cette année encore plus présent que les autres années. Entendons nous bien, je ne juge pas du travail évidemment, mais de la sensation que produisent les coupes de Mickaël. C’est impressionnant et c’est quelque chose qu’il faut ressentir. C’est impossible à décrire, ce qui s’en rapprocherait le plus serait la sensation de s’accrocher à une rampe qui se dérobe lorsqu’on pose la main dessus. Le travail des suburis est important à plus d’un titre puisqu’il permet de travailler cette coupe, qui ne peut pas exister sans relâchement. Le travail des ukemis permet de travailler le relâchement. La sensation ne doit pas être une sensation de descente, mais une sensation de lâcher prise. C’est en fait très difficile à faire et à voir. C’est par contre bluffant quand on le ressent.

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Tout au long du stage Mickaël a pris le temps d’aller vers chacun d’entre nous. De corriger au maximum nos erreurs, de nous donner des pistes de travail (les déplacements, les bases). De nous répéter ce qu’on croit savoir mais qu’on ne sait finalement pas. Il a été généreux. L’ambiance sur le tatami était très bonne. Tout le monde était là pour une unique raison : travailler dans la bonne humeur.

http://www.etudeetpratiquedubudo.com/dotclear/public/StageMM112015/DSCN6536.JPG En guise de conclusion et puisque samedi soir nous avons partagé un excellent repas, je vais comparer le travail de Mickaël à de la Grande Cuisine. Prenez le plat que vous aimez le plus : Vous connaissez la forme du plat, vous en connaissez son goût et sa texture. Bref, vous savez ce que vous allez manger. Vous vous apprêtez à déguster ce plat. Et à la première bouchée, vous êtes surpris, tout dans ce plat pétille et dépasse ce à quoi vous vous attendiez … Et bien le travail de Mickaël c’est ça. Vous savez ce qui va se passer et pourtant vous êtes pris et surpris !
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Bon appétit donc à toutes et à tous et encore merci à toutes les personnes présentes (Alsace, Région lyonnaise, Doubs, les clubs voisins, toutes les personnes du club et les copains de Nancy). Et pour finir : Merci Mickaël !